"As-tu des petites manies
ou des routines, lorsque tu écris ?"
Je continue à répondre aux questions que vous m'avez posées pour la FAQ, et vous propose aujourd'hui de parler un peu des tocs — euh... habitudes ! — d'écriture. Je pense qu'on a tous des petites manies, des routines quotidiennes pour se concentrer ou faire en sorte de bosser dans les meilleures conditions. Parfois, c'est un peu ridicule, d'autres fois essentiel, mais c'est ce qui fait qu'on parvient finalement à aligner quelques mots et à raconter des histoires. D'ailleurs, ce petit article vous concerne également, si vous écrivez, puisque je suis très curieuse de connaître vos propres manies. Aussi, n'hésitez pas à commenter cet article, ou à laisser une trace sur notre page Facebook !
Prêts ? Allez, c'est parti ! (et on ne se marre pas !)
1. Je change sans arrêt de support : Je suis incapable de me fixer à un seul support lorsque j'écris. Je commence généralement mes projets sur papier, parce que j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur un écran, puis je tape le tout à l'ordinateur. Il m'arrive ensuite de faire mes corrections au clavier, mais j'imprime régulièrement le tout pour avoir une autre vision du texte. Du coup, mes étagères sont remplies de manuscrits brochés, à différentes étapes de la conception de mes textes. Et je conserve tout. Je crois que c'est aussi un réflexe depuis la tragique disparition de Blinded dans un crash informatique, il y a 10 ans. A l'époque, je n'avais plus la moindre trace manuscrite de ce roman, à l'exception du bouquin publié. Même en ligne, je multiplie les supports, de Scrivener (logiciel d'écriture et de gestion de "projet", sur ordi et tablette) à mon petit préféré de toujours, Daedalus (traitement de texte sur tablette avec un affichage super sobre et pratique), voire à Google Docs depuis que Daedalus, trop vieux, ne synchronise plus Dropbox en ligne (tristesse). Bref, c'est un peu le bordel. Comme dans ma tête.
2. J'ai des stylos fétiches : je n'écris pas, ni ne corrige avec n'importe quoi ! Il y a des années, j'ai reçu un stylo en cadeau avec le journal Sud Ouest. Il s'est avéré parfait, pile de la bonne taille, une bille agréable, une écriture sans bavures, et en plus, je ne sais pas pourquoi, son encre sentait l'amande. Bref, le compagnon idéal, qui m'a accompagné pendant longtemps, dans l'écriture de First Rage et de la V1 de Blinded, notamment, avant de rendre l'âme. Changer la pointe n'y a rien fait, plus rien n'était comme avant, et c'était fini entre nous. Ca m'a fait comprendre qu'il n'y a rien de pire que d'être mal à l'aise avec son stylo ou de l'entendre gratter la feuille alors qu'on a besoin d'étaler ses idées sur papier à la vitesse de ses pensées. L'outil doit s'effacer au profit de l'acte. Du coup, je suis très à cheval sur le choix de mes stylos : Bics noirs medium (mais pas tous, uniquement ceux qui sont bien gras, sans pour autant baver !) ou Pilot V5 ou V7 noirs — pour l'écriture —, verts et rouges — pour les corrections — ont ma préférence, parce qu'ils glissent avec aisance sur le papier et qu'ils sont plutôt cool à prendre en main. Mention spéciale, aussi, à ce vieux bic noir à bille fine, âgé d'au moins 20 ans, retrouvé dans un meuble de ma grange lorsque j'ai emménagé, qui écrit super bien, et sans baver, s'il vous plaît ! Qui sait combien de temps il tiendra mais, en attendant, c'est mon nouveau p'tit pote...
3. Je préfère le papier blanc ou le papier ligné simple pour écrire, et avec des lignes pas trop sombres, s'il vous plaît ! Par contre, les feuilles à carreaux, grands ou petits, IMPOSSIBLE ! J'ai besoin d'être à l'aise avec mon support, tout comme c'est le cas avec mon outil de travail.
4. J'ai toujours des dicos à portée de main : en version papier ou sur ma tablette, il y a toujours un dico qui traîne quelque part, surtout lorsque j'ai passé le premier jet et que je m'attaque aux corrections. J'ai une fâcheuse tendance à avoir les mots sur le bout de la langue mais, souvent, ils se planquent quand je les appelle. Du coup CNRTL, Antidote (dicos et logiciel de correction ultra pratique, sur ordi et tablette) et autres Larousse sont mes meilleurs amis.
5. Je suis un oiseau de nuit : A quelques exceptions près (dont les salons de thé paisibles), je suis incapable d'écrire en journée (sauf en voyage). Je préfère de loin le calme de la nuit et la lumière tamisée, je trouve cette atmosphère beaucoup plus propice à l'écriture, lorsque rien ne bouge, que la lumière n'agresse pas les yeux, et que le monde s'endort. Il y a moins de chances de se laisser distraire par son environnement.
6. Du thé, des bougies et de l'encens ! Avant d'entamer une session d'écriture, j'ai toujours un petit rituel : allumer une bougie, me faire un bon thé ou un chocolat chaud (ou un grand verre de jus de fruits, selon la saison), et allumer un bâton d'encens dans la pièce — en ce moment, c'est un mélange d'ambre et de bejoin. Ca me permet d'apaiser mon esprit, de couper avec le quotidien et de me dire "OK, maintenant, c'est mon moment.". S'il y a un feu dans l'âtre, c'est encore mieux ! En ce moment, n'ayant pas d'espace à moi pour l'écriture — maison en travaux oblige —, je m'installe à ma table basse avec tous les éléments sus-cités, sur une peau de mouton toute douce et deux coussins, avec un plaid douillet sur les épaules. Bonheur !
7. Je ne me force jamais à écrire : il arrive que je ne touche pas à un texte durant des mois, si l'inspiration ne vient pas ou si je ne le sens pas. Si je ne dois passer que 10 minutes sur un texte par jour, parce qu'au-delà, il me sort par les yeux, alors ainsi soit-il. C'est sans doute ce qui fait que l'écriture ne sera jamais mon métier, et que je peux mettre 10 ans à sortir un bouquin si nécessaire. C'est aussi la raison pour laquelle je n'ai jamais participé au NaNoWriMo ni à aucun appel à texte, ou que je ne prends pas part aux ateliers d'écriture ou aux défis : je suis incapable d'écrire sur commande et l'écriture a toujours été plus "intuitive" que "technique", pour moi. En fait, dans ce domaine, je déteste tout simplement la contrainte, quelle qu'elle soit. Je suis d'ailleurs sûre que lorsque j'aurai couché sur papier tout ce que j'ai à raconter au sein de mon multivers, j'arrêterai d'écrire.
8. J'ai des dizaines de notes sur mon téléphone, à défaut d'avoir une mémoire... Beaucoup de choses me viennent à l'esprit à des moments complètement incongrus (douche, courses, voire même en pleine nuit...). Ca va de grands événements clés à de simples détails sur un personnage. Un ressenti au quotidien peut parfois déclencher le déblocage de toute une scène, et il faut absolument que j'immortalise ça dans l'instant, parce que tout est extrêmement éphémère, dans ma tête. Si je ne le note pas, ça disparaît. Du coup, j'ai une application de prise de note sur mon téléphone, qui s'organise sous forme de post-its. Et il y en a beaucoup... Souvent, lorsque je les relis, j'ai l'impression de les découvrir.
9. J'écoute les playlists de mes projets pour me reconnecter à eux : lorsque je n'ai plus travaillé sur l'un de mes projets depuis longtemps et que j'ai perdu le fil, que je ne sais plus où j'en suis dans ma rédaction ou que j'ai besoin de m'immerger dans l'univers, la première chose que je fais est de me repasser la playlist associée pour me réimprégner de l'ambiance du projet. Ensuite seulement, je relis les textes...
10. La musique m'obsède, mais... je suis incapable d'écrire en musique ! Il me faut du silence, et encore du silence — à l'exception, peut-être, de ce mix d'inspiration nordique, qui passe super bien en musique d'ambiance. Les playlists que je vous partage interviennent avant le processus d'écriture, elles me donnent l'inspiration et les sensations nécessaires à la rédaction des scènes associées, mais j'ai besoin de silence pour les rédiger à proprement parler. Aucun souci, ensuite, pour les corriger en musique, mais le premier jet, lui, se fait dans le calme.
Et vous, quelles sont vos habitudes d'écriture ?